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Attitude de solidarité
individuelle et collective

 

 

Jean Hoibian

 

 

 

 

Dans un évangile on raconte l'histoire d'une militance exemplaire.

Un inconnu gît sur le bas côté d'une route. Physiquement et symboliquement il est gravement atteint. Il a presque perdu la vie, il est seul, on lui a volé ses papiers et son argent. A-t-il quelque part une famille qui se soucie de lui ? Que va-t-il devenir ?

La route est presque déserte, elle n'a pas bonne réputation. Ce n'est pas une autoroute dotée de surveillances multiples et de postes de secours. Qu'allait donc faire cet homme dans cette galère ? Mais, choisit-on toujours le bon chemin ?

Passent près de lui des notables qui jettent un œil et accélèrent.
« Encore un ivrogne, un clochard, ou bien un violent qui s'est battu (j'ai bien crû apercevoir du sang). Il y a des services pour les S.D.F.... Si j'y pense encore en arrivant en ville, je signalerai l'incident », pensent- ils.
Ce sont des gens pressés, ils ont des choses importantes à faire, le temps c'est de l'argent, d’ailleurs les consignes officielles sont strictes : se garder de toucher des blessés, peut être contagieux, dangereux, si l'on n'est pas breveté Croix-Rouge, spécialiste des marginaux.

Arrive un étranger qui s'arrête, qui voit le blessé de la vie, de la route. Il éprouve de l'empathie et prend la décision d'agir. Mais de quoi se mêle-t-il ? il va se compromettre en s'approchant de l'homme à demi-mort. Il va prendre le risque de se salir, d'être contaminé, de prendre du retard ? Oui, mais il assume.
Il soigne les plaies comme il peut, il bande les membres blessés. Il réconforte l'inconnu. Il aurait pu s'arrêter là :
« Bon courage mon brave ! Remettez-vous ! Secouez-vous ! »

Non ! il installe le blessé sur sa propre monture  (faisons-nous place facilement à un sdf dans notre auto ?)  et à pied conduit l'équipage jusqu'à ce qu'il trouve une hôtellerie.

Vient le deuxième temps de la militance : l'approche de l'Inconnu : l'écouter, le comprendre, échanger, devenir proche, envisager l'avenir. Il y passe toute la soirée et une partie de la nuit.
« Dans quel pétrin me suis-je fourré, pense le voyageur sympa... moi, un étranger dont les papiers sont récents et m'obligent à la plus  grande réserve »...
Il doit partir le bénévole, mais il ne veut pas se laver les mains de ce cas social et l'oublier. Il le confie à l'institution sociale (l'hôtellerie) pour que le méprisé, l'oublié, reçoive logement, nourriture, soins mais aussi accompagnement fraternel. Et comme ça coûte cher le travail des professionnels, il fait un don important.

Le bénévole (celui qui fait le bien) s'en va. Est-il quitte vis-à-vis du marginal ? A chacun de nous de s'interroger ? La société toute entière se décharge de ses responsabilités sur les associations. Puis elle court vers ce qui lui parait important : produire, consommer, gaspiller. Pas de temps pour réfléchir aux causes de la misère, de la délinquance, du mal être...

Notre héros est un citoyen conscientisé (comme chacun de nous ! n'est-ce pas ?) 
« Je reviendrai, dit-il, savoir ce qu'est devenu mon protégé (mon prochain), voir si je peux l'aider ou simplement boire avec lui le verre de l'amitié ! »

Voilà ce qu'est l'ARAPEJ. Celle d'hier et celle d'aujourd'hui ! Et voici un commentaire très libre de la parabole, du conte, du bon samaritain, vieux de 2000 ans, l'histoire d'un homme qui agit à contre-courant du parler et l'agir correct de son époque. L'indignation est une vertu, elle doit nous conduire à la solidarité pour tous ceux qui ne peuvent se remettre debout et reprendre la route de la dignité et de la liberté, sans une action solidaire individuelle et collective. La critique, le mépris, le rejet, sont des attitudes qui nous déshonorent !

 

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L'ARAPEJ : Association Réflexion-Action Prisons et Justice a célébré son trentième anniversaire le 11 avril 2007 dans le salon d'honneur de l'Hôtel de ville de Paris, sur invitation de Bertrand Delanoë. Le petit texte ci-dessus est la conclusion de l'intervention du soussigné.

 

Tag(s) : #La vie tout court
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