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Enfants, questionnez vos parents !

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Quand j’étais dans l’heureux temps de mon enfance, il m’était très difficile de questionner mes parents. Non seulement j’étais timide, mais surtout une censure s’exerçait : « tu es trop jeune pour parler de ces choses, retourne à tes soldats de plomb ».

Pourtant, comme la plupart des enfants, j’entendais des conversations parfois fort animées. Je pressentais que les grandes personnes avaient des secrets. Ils baissaient la voix, ou bien se taisaient en ma présence.

Ce monde des « grands » me passionnait. Je découvrais les différences de comportement de mon père ou de ma mère. Un homme n’est pas une femme, et réciproquement. Je ne les aimais pas de la même manière, mais je n’aurais jamais osé faire, devant eux, la moindre comparaison.

 

Par chance, chez nous, pas de divorce. Mes deux piliers parentaux s’entendaient, malgré les années, comme deux  tourtereaux. Mais à l’école je découvrais avec effroi (car à cette époque, le divorce scandalisait la société bien pensante) la triste situation de copains qui n’avaient en rentrant chez eux, qu’une mère seule  ou inversement. Par contre on parlait avec compassion des enfants orphelins par deuil ou par la guerre. Je découvrais parfois des enfants adoptés, chose courante dans les familles chrétiennes. Tout en redoutant qu’un malheur ne frappe notre famille (hélas si mon enfance fut préservée mon adolescence connut la mort de ma mère) je me posais des questions métaphysiques : les gens frappés sont-ils coupables devant Dieu ? (dans ma paroisse on était très porteur d’un Dieu vengeur). Ainsi les enfants de mon temps étaient tenus dans l’ignorance d’un grand nombre de questions essentielles (sexualité, vie conjugale, passions humaines, problèmes politiques..), mais aussi de tout ce qui concernait la vie personnelle des parents, de la famille, et des proches ( les finances, les héritages, la vie professionnelle, les guerres subies, les études réussies ou avortées, les dons littéraires, musicaux, sportifs.) Pour ces derniers, ils étaient dévoilés, surtout s’ils étaient une réussite !

Je pense que ce grand mutisme des adultes relevait d’un amour protecteur.Plus tard les enfants découvrirons progressivement les tristesses, les horreurs, du monde. Gardons-les dans une pseudo-innocence ! Prolongeons le plus que possible ce temps heureux de l’enfance.

Les temps ont bien changé ! La société d’aujourd’hui a éclaté. Avec les moyens de communication, l’intimité des adultes et des jeunes est bafouée. Tout se sait, ou plutôt, on croit tout savoir !

Dernièrement, à la télé, le problème difficile d’une certaine révolte d’un grand nombre de jeunes, les conduisant à des actes désastreux ( violences, délinquance, suicides, drogue, alcool) était traité par des spécialistes comme la conséquence d’une société amorale, permissive, individualiste).

Un jeune de 12 ans, interviewé, disait : « mais c’est bien que nous utilisions Internet pour nous renseigner. Les parents devraient être contents que nous connaissions le monde de bonne heure ! »

Voilà bien le problème posé : les enfants, les jeunes du 21ème siècle veulent savoir tout ce qu’on leur cache ou qu’on leur interdit, ils mûrissent très vite, rêvent de sortir très tôt de l’enfance

Voici les parents appelés à jouer un rôle d’initiateurs : répondre aux questions de leur progéniture, d’une manière subtile, adaptée à l’âge. Ecouter les questions, débattre ensemble du pour ou du contre, découvrir  (par exemple dans la Bible, dans la littérature, le cinéma, la chanson populaire), les valeurs humaines.

Tâche difficile, parfois périlleuse, mais infiniment plus efficace que les oukases de mon enfance.

Je pense même que les parents en sortirons enrichis. Il n’y pas qu’en électronique que nous sommes battus par nos enfants. Leur subtilité, leur bon sens, leur nécessaire adaptation, nous questionnent. Qu’avons-nous fait de notre vie ? nos choix étaient-ils subtils, courageux ? Avec les questions posées par nos jeunes nous retrouvons une humilité salutaire.

 

Encore faudrait-il que les techniques modernes d’information ne transforment  pas les familles en cellules individuelles : chacun sa télé, son téléphone portable, son casque à musique. Les soirées sont comme des voyages en métro. Isolement complet dans un mutisme voulu.

 

Dans la Bible beaucoup de problèmes de vie apparaissent, mais ils sont enrobés de mythologie. Les récits de l’Ancienne Alliance concernant la famille sont l’écho d’un mode de vie patriarcal, freinant la libre expression des femmes et des enfants. C’est de la société actuelle que les questionnements des enfants et les réponses familiales fusent !
 « Je t’aime mon fils, ma fille. Si je t’interdis ceci ou cela, c’est que ,par mon expérience, ou par celles vécue autour de moi, j’ai connu que le malheur est rapide à fondre sur nous. Discutons ensemble des problèmes. Je ne suis pas certain d’avoir raison ! Je cherche toujours le bon choix, la bonne route. »

Les enfants devraient être encouragés à prendre davantage la parole en famille, à questionner les parents sur eux-mêmes.

« Comment as-tu connu papa ? pourquoi l’un et l’autre avez-vous choisi vos études, votre profession ? Avez-vous décidé d’avoir des enfants ?on bien ai-je été conçu par hasard ? ».

 

Oui, les questions les plus intimes devraient pouvoir être posées. Trouver réponse ? Ce n’est sans doute pas toujours possible. Mais il y a toujours  la possibilité d’ouvrir un cœur aimant, même quand on croit nécessaire d’attendre pour répondre, un moment propice dans le futur.

 

Les secrets de famille causent beaucoup de souffrance et de frustration.

Nous sommes nombreux à verser des larmes secrètes en soupirant à ces choses que nous voudrions savoir, relatives à nos parents, à notre famille. Ces questions non posées, restent  tragiquement sans réponse, car la mort a fermé la porte…

On verra plus tard, pensions-nous, mais nous avons loupé le train, et notre chagrin est immense…

Parents, allez au devant des questions de vos enfants. Qu’un climat de confiance brise les rapports détestables maître-esclave. Que le Dieu de l’amour tendre dicte notre comportement. Est-ce à nous de décider la profession de nos enfants ? La question est délicate, car beaucoup de nos jeunes semblent dépourvus d’imagination et de projets. Mais lorsqu’un enfant a, par chance ,une vocation (religieuse, artistique, ou professionnelle, que ses parents ne lui barre pas la route, pour des considérations financières ou de prestige !

Jésus à 12 ans échappe à la surveillance familiale et rejoint dans le temple de Jérusalem les théologiens. Passionné, il écoute, et même il interroge !

Joseph et Marie le sermonnent. Et lui de répondre : « Pourquoi me cherchiez-vous, avec angoisse ? C’est ma vie. Il faut que je réalise ma vocation ! »

 

Plus tard, la question de Jésus, ne concerne pas que lui. « qui dites-vous que je suis ? » . Secrètement, nous aimerions questionner nos enfants : « que penses-tu de moi, ton père, ta mère ? ». Nous nous sentons souvent au-dessous de notre tâche…

Ensemble méditons le message divin du vieux Moïse :

« Je mets devant toi la vie et le bien, la mort et le mal, CHOISIS ! » ,

 CHOISIS bien !

 

17 sept. 2012                       Jean  HOIBIAN

 

Tag(s) : #Société
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