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CONFIDENCES  CHRETIENNES

Qu’est-ce qu’on peut rire parfois entre chrétiens ! ne soyez pas jaloux, mes potes athées. On vous aime, on vous admire même, car vous vous décarcassez pour les autres, sans avoir reçu l’appel et la force de notre « patron », Jésus, »  le Fils de l’Homme »

.Nous les religieux, nous n’avons aucun mérite. Pasteur ou Prêtre on s’est embarqué dans la recherche du Divin, et hop ! nous nous sommes retrouvés préoccupés avec, comme une sorte de fièvre, une obsession, du sort de tous les souffrants. Surtout les « humiliés et les offensés », les exclus, les marginalisés…C’est la faute à Jésus !

Mais, en vieillissant, on mesure quel bonheur nous a été accordé par toutes ces rencontres humaines hétéroclites.

Mon ami, le moine breton, il a trouvé un mot, l’autre jour, pour dire sa joie profonde : « c’est époustouflant ! »

Je le visite toutes les trois semaines, dans l’établissement, où il a trouvé refuge car « il perd la tête ». Je l’aime bien, Pierre. On a travaillé, jadis, comme aumôniers dans l’affreux grand centre pénitencier de Fleury-Mérogis.

Dès la première prise de contact on était tombé d’accord sur l’horreur de la prison, sur l’échec du système carcéral. Ces hommes, privés de liberté, de vie sexuelle, de contacts familiaux, subissaient la vengeance d’une Justice aux ordres d’un Code pénal.

 On ne souciait pas de l’avenir des détenus libérés. On s’étonnait de leur récidive.

Nous avions accepté de devenir aumôniers, non pour leur faire « la morale », ni pour les convertir en paroissiens bien sages.

Nous étions sous le choc devant cette souffrance. Ces garçons avaient quitté la route, ils gisaient dans le fossé. Leurs victimes, aussi ! Quel gâchis, dans une incompréhension réciproque. Notre boulot consistait à les écouter. Ils parlaient durant des heures et parfois, ils se découvraient et en venaient aux questions essentielles : « Qui suis-je ? pourquoi  me suis-je égaré ? comment pourrais-je devenir propriétaire de ma pauvre vie ?

J’arrête, car sur le sujet justice-Prisons, je suis intarissable.

Pierre aussi, autrefois. Mais, en vieillissant, on s’est mis tous les deux à chercher l’essentiel : découvrir l’humain et le divin dans leur sens profond. Jésus et les Evangiles avaient donné un sens à notre vie. Mais nous nous posions des questions sur le fonctionnement de notre Eglise respective.

Pierre se posait des questions périlleuses : Jésus, le marcheur de Dieu, le donneur d’amour et de pardon, avait-il voulu L’Institution romaine, la pesanteur de ses dogmes, la complication de ses rites et de ses ordonnances ?

 Un certain penseur catholique, au 19ème siècle, en exprimant ces idées, avait récolté l’excommunication !

Alors, Pierre, où vas-tu ?

Moi, j’ai travaillé sur l’historicité des textes bibliques, sur l’évolution des Confessions de Foi. Pierre et moi nous partagions nos découvertes, nos doutes, nos enracinements dans l’essentiel : Les Paroles et les Engagements de ce Jésus, qui se nommait « le Fils de l’Homme. » , qui ne jugeait, ni ne condamnait personne, et qui dans la joie, vivait d’amour, d’empathie, de compassion, de bonté. C’est de cette lente approche de Jésus que Pierre s’émerveillait l’autre jour, en disant c’est époustouflant ! J’aime bien son étonnement. Je lui ai dit : « Et le souci que Dieu prend des humains, l’intérêt qu’Il nous porte, même quand nous plions sous la souffrance, c’est pas époustouflant cela ? »

Alors, on s’est mis à rire ! Plus besoin de parler. On revoyait des visages, des situations cocasses. Plus envie de critiquer les boutiques chrétiennes. Il s’y fait des choses étonnantes, malgré la routine et les traditions.

Se retrouver dans la reconnaissance. Nous ne sommes qu’une goutte d’eau, un grain de sable ! mais le Divin a sauvé nos vies de la banalité, de l’ennui, de l’obsession de notre « moi ». Nous avons connu des gens étonnants, clercs ou laïcs, animés de la même pulsion.

Merci ! merci ! la vie est un bien précieux !

Pierre perd de plus en plus la mémoire immédiate. Il en a conscience mais reste serein. Je trouve extraordinaire que cet homme perdu dans la confusion, me confirme avec ses rires et ses drôles d’expression, notre commune complicité

avec le souffle divin, révélé par ce Jésus de Nazareth

.

Qu’il fait bon le découvrir, le connaître, dans sa merveilleuse singularité.

Epoustouflant, de CROIRE !

24  mai  2010        Jean  HOIBIAN

Tag(s) : #Contes
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